Retrouvez ci-dessous l’intervention de Léa Vasa en conseil de paris à propos de la délibération proposant la définition de la concertation autour du futur PLU Bioclimatique.
Merci à la centaine de citoyens et citoyennes qui ont participé à cette conférence, c’est un travail précieux. Force est de constater que leur vision rejoint de nombreuses considérations écologistes. L’enjeu désormais est d’entendre ces aspirations que l’on peut résumer ainsi :une ville apaisée, au service de la diversité de ses habitants, et compatible avec les enjeux climatiques. Quatre orientations ressortent particulièrement de cette consultation.
Cette ville de demain, c’est d’abord une ville dans laquelle la nature reprend ses droits. Voilà la demande la plus forte de la conférence citoyenne :une nature pas seulement faite pour décorer ou même verdir, mais une nature véritablement au service des équilibres écologiques. Ajouter quelques jardinières dans les recoins n’est pas suffisant, il s’agit de créer de véritables corridors de biodiversité, de préserver les sols de pleine terre, de tracer d’ambitieuses trames vertes, de mobiliser tous les espaces pour créer des jardins publics, de permettre à nouveau au cycle de l’eau de se dérouler, et d’explorer l’immense potentiel de végétalisation des espaces privés.
La vision des citoyens, c’est aussi celle d’une ville plus calme, plus silencieuse, une ville qui ralentit pour se mettre au rythme de tous et laisser la place à la convivialité.Le bruit et la tension dans l’espace public sont la bête noire des parisiens et la consultation le fait ressortir très clairement. Une grande part des contributions tente d’apaiser l’espace public pour qu’il soit enfin possible d’en profiter sereinement, et pas uniquement pour le traverser ou y consommer. Oui, les habitants veulent pouvoir s’asseoir sur un banc, y faire une fête, y déjeuner, s’y rencontrer, flâner, se reposer.En cela, la conférence confirme les grandes orientations de la ville en matière de réduction de la place de la voiture pour laisser place au vélo. Mais elle dénonce également la privatisation et la commercialisation excessive de l’espace public, souhaitant retrouver des espaces de gratuité, et demande un meilleur partage des voies de circulation pour que toutes les formes de mobilités puissent trouver leur place et faire la part belle à la marche,mode de déplacement le plus accessible et utilisé.
Le troisième volet qui ressort de la consultation n’est pas très consensuel au sein de notre assemblée; c’est celui des perspectives économiques pour notre ville.Je vais tenter d’être aussi claire que les citoyens consultés ; nulle part, il n’est demandé de créer des grands centres commerciaux, au contraire ils sont dénoncés. Nulle part, il n’est souhaité que de grandes entreprises de la finance quittent La City pour venir s’enfermer dans des tours parisiennes, au contraire les tours sont controversées et il est proposé que les bureaux vides soient transformés en logements étudiants. Nulle part il n’est exigé que des avions déposent par millions dans des cars, des touristes venus consommer dans les enseignes de luxe, au contraire les parisiens veulent soutenir une économie au service des habitants, une économie qui correspond à leurs valeurs. Ils veulent des commerces et services de proximité, ils veulent que les artisans reviennent à l’intérieur de Paris pour produire des biens utiles et bénéficient de zones de logistique urbaine adaptées, ils veulent un tourisme maîtrisé.
Loin d’un désintérêt pour la question économique, les débats dessinent au contraire une forme de consensus sur le fait que l’attractivité économique et touristique peut être très problématique. Les parisiens formulent ici clairement la demande de réorienter l’activité économique de la ville, afin qu’elle soit mise au service des habitants, comme est en train de le faire Venise en renonçant au tourisme de masse.
Les citoyens vont même plus loin sur cette question économique, en préconisant une mixité fonctionnelle au sein des quartiers, et un rééquilibrage territorial à l’échelle de la Métropole du Grand Paris.C’est bien là le 4e enjeu soutenu par la conférence citoyenne et que les écologistes rejoignent ; une conscience aiguë que la plus grande richesse de paris est la diversité de ses habitants. La demande de mixité sociale est extrêmement forte et suppose que notre PLU propose des outils pour lutter contre la gentrification de Paris, afin de permettre aux familles, aux foyers aux revenus modestes, aux étudiants et aux plus précaires de se loger.Et non seulement ils demandent à ce que le logement soit une priorité face aux velléités d’attractivité économique, mais plus encore, ils aspirent à une nouvelle forme d’habitat, qui favorise le partage au quotidien.
Le dernier enjeu de fond que je souhaite relever dans cette conférence citoyenne est celui de la protection patrimoniale.Les parisiens ont exprimé qu’ils avaient à cœur de préserver l’aspect historique de leur ville,mais érigent en principe supérieur la nécessité d’adapter le bâti aux enjeux climatiques.Favoriser la rénovation thermique, le photovoltaïque, la réhabilitation, l’utilisation d’espaces à reconquérir comme les toitures, ou encore l’usage de matériaux biosourcés, voilà les principes qui doivent guider l’évolution du paysage urbain parisien. Voilà la forme de modernité qui est défendue ici, et non celle qui consiste à construire des tours ou des grands ensembles, ou à détruire pour mieux bétonner. Cette attente doit interroger les grands projets en cours à Paris et autoriser des concertations larges et sincères.
C’est au travers de cette question démocratique que je souhaite conclure .Il n’est plus envisageable de lancer des grands projets sans en avoir préalablement élaboré les principes avec la population et cela est exprimé dans la consultation ; les parisiens ne veulent pas être interrogés alors que la majorité du projet est déjà décidée. Cette consultation a été un excellent pas en ce sens et nous formulons le vœu que ce travail continue, notamment au travers d’une plateforme numérique présentant la documentation technique, les objets de débat encore non-consensuels, les grands projets d’urbanisme parisien à l’étude, et un état de l’avancement des réflexions. Nous souhaitons aussi qu’un retour motivé soit fait à chaque contributeur sur les propositions qu’il a formulées, qu’elles soient rejetées ou acceptées. Mais l’outil numérique ne saurait être satisfaisant, car de nombreux citoyens n’y ont pas accès. Aussi nous proposons que les parisiens qui seront sollicités pendant ces trois années de travaux puissent continuer à bénéficier de marches exploratoires et d’avis techniques, et qu’un accompagnement opérationnel des conseils de quartier soit réalisé pour aider les équipes volontaires à faire vivre la concertation.
En un mot, c’est un besoin d’authenticité et de renforcement des liens sociaux qui s’exprime au travers de cette première consultation. Dans l’espace public, dans le logement, dans la structure des quartiers, les citoyens aspirent à vivre ensemble et en harmonie avec leur environnement. La période que nous traversons y est sûrement pour quelque chose, et oui,la ville, dans sa construction même, dans un document aussi technocratique que le PLU, peut contribuer à renforcer le tissu social.
Voici le défi qui nous attend collectivement, Madame la Maire. Vous avez souhaité afficher cet objectif particulièrement ambitieux de la création d’un PLU Bioclimatique ; le groupe écologiste sera à vos côtés, tant qu’il s’agira d’être à la hauteur de cet enjeu historique qu’est la lutte contre le dérèglement climatique et l’adaptation de la Ville, par une redéfinition de la notion de progrès qui mettra l’humain et le vivant en son cœur.